
Interview de Maud – Natur’Alpine
L’histoire de Maud s’enracine dans celle de sa mère, fondatrice passionnée de Natur’Alpine. À l’heure de la retraite maternelle, Maud choisit naturellement de reprendre le flambeau — un passage de témoin évident, bien que son parcours initial soit celui d’une professeure de mathématiques.
Dans cette nouvelle aventure, elle trouve un subtil équilibre entre rigueur intellectuelle et liberté créative :
« Disons que tout est démontré… Les plantes, après, c’est prouvé — mais il faut y croire. »
Aujourd’hui, Maud aspire à s’approprier pleinement l’entreprise :
« J’ai besoin que ça devienne vraiment mon entreprise, et plus seulement celle de ma maman, même si ce qu’elle a accompli est assez exceptionnel. »
Discrète mais déterminée, elle élabore désormais ses propres projets — qu’elle préfère, pour l’instant, garder secrets.
Maud a grandi au cœur d’un univers végétal, bercée dès l’enfance par la passion de sa mère pour les plantes :
« Ma mère a toujours été plongée dedans… Alors forcément, nous aussi, on a baigné dedans depuis qu’on est tout jeunes. »
Pour elle, la transmission est une valeur essentielle — à la fois familiale et collective :
« Oui, ma maman m’a tout transmis. »
Aujourd’hui encore, Maud continue d’enrichir ses connaissances, à travers des formations, mais surtout grâce à l’expérience du terrain, qu’elle considère comme la plus précieuse des écoles.
Elle déplore toutefois que de nombreux agriculteurs ne reconnaissent plus les plantes qui poussent dans leurs champs, témoignant d’un savoir qui se perd.
Une anecdote illustre parfaitement sa vision :
« Quand je vois mon enfant se faire piquer par les fameuses orties… et courir chercher du plantain, pour s’en frotter… Là, pour moi, j’ai tout gagné. »
Elle refuse la récolte excessive : « Nous on cueille ce dont on pense qu’on a besoin. »
Installée initialement à Albiez, l’entreprise a déménagé, mais continue de travailler avec les plantes locales : « Le but c’est de s’adapter vraiment à notre environnement. »
Même si certaines plantes de l’ancienne région étaient plus concentrées, Maud préfère chercher des équivalents locaux.
Elle insiste aussi sur la sécurité dans la cueillette : « Il faut être sûr de ce qu’on récolte, il ne faut pas faire n’importe quoi. […] Les orties, il y a peu de possibilités de se tromper. »
Maud maîtrise tout le processus de transformation : séchage contrôlé (humidité, température), petites quantités. « Quand on fait des pots, c’est 20 par 20. » L’objectif est de préserver les propriétés, sans industrialiser.
Elle évoque aussi leurs baumes (à base de cire d’abeille locale, plantes macérées au soleil), efficaces notamment pour l’eczéma ou les rhumatismes (arnica).
Certaines fleurs comme l’arnica ou l’edelweiss sont difficiles à cultiver, et doivent être préservées : « Il faut arrêter d’en ramasser parce qu’il y en a plus. »
Nature Power
Elle met en avant leur gelée de thym, appréciée pour les affections pectorales et plébiscitée par les enfants.
« En fait, la gelée de thym, c’est bon pour tout ce qui est niveau pectoral, je pense qu’on peut le dire. »
Elle est même intégrée dans des yaourts locaux via un partenariat avec la Ferme des Cathelins.
Elle évoque également la gelée de coquelicot, née du retour de cette fleur dans leur jardin : « Le coquelicot, c’est un signe de bien-être environnemental. « C’est chouette parce que ça veut dire qu’il y a un bien-être environnemental qui est en train de revenir. » Elle attribue aussi cet événement à un contexte favorable, notamment le Covid, qui a pu permettre à la nature de reprendre ses droits.
Maud souhaite éveiller les enfants au goût du naturel, en réaction à l’ultra-transformation des aliments : « Ils ont l’habitude de consommer des trucs ultra sucrés, ultra chimiques. » elle fait par exemple gouter du sirops de menthe qui n’est pas forcement vert.
Elle appelle à un équilibre réaliste et rappelle la richesse du territoire : « En porte de Maurienne, on a la chance d’avoir une quantité de producteurs, autant de plantes que d’autres choses. »